Dans des nuit secrètes tu me secoues.
Je ne sursaute pas. La nuit semble continuer. Ça tire pourtant. Une gorge. Un ventre. Une coupole. Et je t'entends respirer. J'avais juré de t'aimer toujours pourtant. Et mes lèvres. Une vertèbre un instant immobile. Elle se souvenait de son nom et de la robe lui tombant juste en dessous des genoux. La banquette est-elle restée sur la terrasse ? Le ciel était-il bas ? Ce serait comme un mouvement qu'on a cru oublier. C'est alors la nuit. Il me faut donc prier pour retrouver le souffle. Le sable rentrait par la porte. Mon premier mouvement est de joindre les mains. C'est à ce moment là que tu commences à rire. Puis soudain tu t'arrêtes. Et tu me regardes. Et tu dis. |
"Et les lustres par milliers, par dizaine de milliers, danseront au plafond".
Tu profères un vertige. Un rite païen. Et le plafond s'écroule. Je vois une petite femme valser au milieu des éclats de verres. C'est elle qui mène la danse. Ils tournent et tournent si vite que le lit lui aussi tourne. Elle s'accroche. Je tâtonne je tentais de me soulever. Mes poignets tremblent mon pouls les veines s'étirent je pousse mon bras. Le lustre tombe. Peut-être suis-je blessée ? Les lattes bougeaient. Un élan un bond le sol. Je rampe jusqu'au placard. Je pousserais la lourde porte de bois. Avait-on joué à cache-cache avant de nous endormir ? Elle referme la porte. |
Je ne sais pas si tu es bien dans ce placard ?
Et la musique s'arrête. Suis-je descendue du lit ? Où sont les lustres ? Es-tu dans le placard ? Ai-je dansé une valse ? Lentement je m'assois. Elle regardait. Est-ce que ça tourne ? Qui la berce ? Ai-je fermé les yeux ? Je fixais un point entre mes cils. Le lac s'étend. Calme. Je regarde l'homme. Je regarde la barque. Ma paume voudrait effleurer l'eau. Une ligne rouge, mémoire d'un bout de verre. Tu saignes ? Je crois que je transpirais. Le pli des draps. Une odeur du sel ou de tabac ou de soie. La nuit semble continuer. |
Une barque remonte un filet aux mailles blanches serrées.
Le filet effleure l'eau. Le filet sort de l'eau. Le filet est une forme de corps. Un corps que je connais comme si c'était le mien. Un corps ? Tu cries. Mais le pêcheur continue à remonter le filet. Avait-elle crié ? Ma peau. Marbre blanc. Je glissais vers le filet. Tu rampes ? Le marbre fond je flotte à peine. Débris de salive. Ma bouche se serrerait contre les mailles. Un goût de miel. Je ne sursaute pas. La porte du placard est-elle fermée à clé ? Sous la barque je décoche mon corps. Je m'allonge sur le lit. Une main de marbre saisit le filet. Mes veines. Un sentier. Je repousse la main. Un coup sec. Les mailles craquent. Il ne me reste qu'un instant. On plonge. |
Elle avait regardé les adventices et longuement elle avait pleuré.
Elle se rappelait de ce saut, elle se rappelait que c'était si loin déjà. Elle se rappelait qu'il y avait un lac et la crainte de ne plus respirer. Un craquement. Elle se rappelait. J'avais découpé l'herbe, en tout petits morceaux. Ai-je dormi ? Ses ongles grattent le sol. Les petites tiges qui forment la partie brillante de la fleur attrapaient l'air. Je les regardais et je pleurais encore. La surface, volubile. Épines et chardons trèfles à trois feuilles. Elle ouvre ses paumes. Elle se rappelait qu'elle avait prié. Qu'elle avait cru. Qu'elle criait. De ces os elle se levait. Et cette boue épaisse sur laquelle elle s'est accroupie lui rappelait ses cuisses ses genoux ses hanches et ce bracelet jaune en toc avec lequel elle avait dansé, longtemps. J'avais attendu toute la nuit, puis je lui avais dit. |
Comme un nom sur le bout de la langue : « Je t'invite ».
Je m'étais entendu parler, un appel comme on arrache une mauvaise herbe. Peut-être ses ongles repousseront. Elle n'y avait pas pensé. Tu étais sorti du placard. Ils avaient marché. Sans lustre. Ils se sont allongés. Sans lit. L'un et l'autre. C'est sûr qu'un bout de verre s'est coincé sous l'oreiller. Nous avions ri de ce rouge. Doux comme un souvenir que personne n'avait vécu. C'est que la vapeur de la baignoire les avalait, doucement. Une salive plus rose que rouge et leurs langues. Comme on inviterait la main à s'avancer. Il ne pleut plus. Alors je dirais ce mot. Mes cheveux sont humides. Est-ce que le lit ? Savaient-ils nager ? Y avait-il des aubépines dans cette plaine lézardée ? Nous avions ri de nos questions. |
Une gousse d'ail, à moitié coupée, attendait sur la table. Ils s'étaient précipités dans la maison. Je me rappelle de la chaise. Tout était là. Il avait repris le couteau, elle le regardait. La lame. Et la maison beaucoup trop grande. Chaque nuit ils dorment dans une chambre différente. Une bille a roulé. Glaise. un jeu de drap. Ce serait un interstice. Tu te rappelles l'escalier auquel il ne manque pas une seule marche et les cloches de la grande messe. Ils s'étaient mis à courir autour de la table. J'avais ouvert le tiroir tu étais tombé. Ils mangeaient des liserons et quelques noisettes. Dorment-ils ? Une cigarette et les persiennes. Elle se dit que si c'était à refaire elle entrerait dans l'hôtel et elle le verrait. |
C'était peut-être le soleil qui lui faisait plisser les yeux.
Étaient-ils déjà dans le jardin ? Prendraient-ils le bus ? Ils avaient contourné le lac. Ils avaient salué les pêcheurs. Ils avancent à contre jour. Je bougeais encore les lèvres. Tu ajustais tes lunettes. Il se rappelait le lustre. Elle semblait trottiner. Elle regarde les galinsogas à la limite. Enlacer la pierre. Chemins blancs peut-être de la poussière. Je pensais aux marguerites. Savent-ils que la maison est fermée à clé ? La place était déserte. Le café fermé. C'est là que je suis née. Tu clignes l'oeil un instant. Ils ralentiraient. Ils marchent toujours. Arcades étales. Elle enlèverait ses chaussures. Il sourirait. L'horizon une perle. Encore une danse. Je prends le bateau. |